La résidence d’AMIENS
Son architecture futuriste, au bas du boulevard Alsace-Lorraine, à deux pas de la Tour Perret et de la gare d’Amiens, en faisait déjà une curiosité. Aujourd’hui, l’immeuble Appart’City, résidence de tourisme inaugurée en 2013, inquiète surtout la centaine de propriétaires picards, qui commencent à douter sérieusement de la pertinence de leurs investissements. Ce mercredi, comme ce fut déjà le cas une première fois au mois d’août, 78 des 120 propriétaires de l’immeuble ont saisi le tribunal d’Amiens en référé pour demander le paiement des loyers en retard. « On nous a vendu ces logements comme des produits sûrs, on se retrouve au bout d’un an avec des impayés qui nous mettent en difficulté », résume Magalie Berdugo, plaignante et secrétaire de l’association qui regroupe les propriétaires de la résidence. En 2013, cette enseignante d’Amiens investit 125 000 euros dans l’achat d’un bien de 25 mètres carrés dans l’idée de se constituer un complément de retraite.
Des comptes non publiés
Mais très vite, les retards de loyers s’accumulent, alors qu’elle doit rembourser un crédit de 550 euros. Incités par les opportunités de défiscalisation, de nombreux investisseurs comme Magalie se retrouvent aujourd’hui dans une situation très délicate. Appart’City, qui gère l’ensemble de la résidence en hôtelier, doit verser chaque mois un loyer aux propriétaires de chaque bien. Or, depuis plusieurs mois, officiellement pour des problèmes de trésorerie, l’opérateur accuse de nombreux retards, pouvant parfois aller jusqu’à six mois. Ce mercredi, devant le tribunal de grande instance d’Amiens, l’avocate des plaignants maître Nathalie Hamet, a demandé au tribunal d’ordonner le paiement immédiat des loyers, et d’accorder des dommages et intérêts aux propriétaires. La défense d’Appart’City trouve la demande excessive. « Une simple conciliation aurait pu arranger les choses, car les retards étaient sur le point d’être régularisés, affirme l’avocate parisienne Johanne Zakinne. Oui, la société accuse des difficultés financières. » Partout en France, les quelque 10 000 victimes, regroupées au sein de la Fédération des associations de propriétaires de résidences appart’Hôtel (FAPRAH), s’interrogent surtout sur la stratégie paradoxale d’Appart’City, qui poursuit ses investissements à l’étranger. « Les comptes 2014 n’ont même pas été publiés tellement ils sont catastrophiques, souligne Nathalie Hamet. On peut soupçonner légitimement une opération de cavalerie. » Un processus financier très dangereux dans lequel les nouveaux emprunts servent à rembourser les emprunts antérieurs. Très douloureux lorsque le système s’écroule.
Curieusement APPART’CITY commence aussi à vendre certaine résidence comme celle de LE PORT MARLY dans les Yvelines (voir article paru dans le PARISIEN du 12/02/2016) et d’ailleurs il serait intéressant de connaître comment dans cette vente les anciens copropriétaires ont été dédommagés: leur commentaire sur le blog serait la bienvenue.
D’avance merci.