Faut-il investir en LMNP

Faut-il investir en LMNP

D’après l’article de Benjamin CLAVEL

La dépendance vis à vis du gestionnaire de la résidence :

Les vendeurs de LMNP insistent en général sur un point crucial pour convaincre leur prospect d’acheter un bien en LMNP: le paiement du loyer est garanti par le gestionnaire pour une durée fixe.
C’est effectivement quelque chose de très rassurant… tant que le gestionnaire paye !
Les exemples de défaillance sont nombreux ces dernières années
et quand ça
arrive bonjour les dégâts ! Après une longue période de carence, le temps que le gestionnaire soit liquidé, il faut en trouver un nouveau. Et celui-ci va proposer des nouveaux loyers aux propriétaires qui sont en général diminués de 30 à 40 % (jusqu’à 75 % dans certaines résidences) par rapport à ce qui était prévu initialement. L’effort d’épargne, qui devait être faible, peut vite devenir insurmontable.

Certains gros exploitants affichent en ce moment des retard de plusieurs semaines dans le paiement des loyers, ce qui en dit long sur leurs problèmes de trésorerie. Il convient de poser diverses questions au gestionnaire :

  • Combien de résidences gère t-il ?
  • Depuis combien de temps ?
  • Quel est leur taux de remplissage moyen ?
  • Dégage t-il des bénéfices ?
  • Le gestionnaire créé t-il une société d’exploitation spécifique pour chaque résidence ou bien toutes les résidences sont-elles gérées par la même société de manière mutualisée ?
  • A combien s’élève le capital social de la société ?

Le risque de non renouvellement du bail au terme :

Si à l’échéance du bail, dans 10 ou 12 ans par exemple, le gestionnaire ne renouvelle pas son bail alors que ferez vous de votre bien ?

  • Pourrez vous trouver un autre exploitant ? Mais pour quel loyer ? Après quels travaux ? >>> si les normes de sécurité changent par exemple vous pourriez être contraint de faire de lourds travaux à l’issue du bail sous peine de voir l’exploitant déserter au profit d’une nouvelle résidence, aux normes, peut être même construite dans la même rue…
  • Le bien sera t-il vendable facilement et sans perte ?
  • Pourrez vous le louer en direct si besoin ? Par exemple les EHPAD sont configurés de telle manière qu’il serait très compliqué d’en faire autre chose si par hasard le gestionnaire ne souhaitait pas renouveler son bail. Sur ce point, un investissement en résidence étudiante ou affaire semble moins risqué puisque les biens peuvent plus facilement être reloués nus par la suite.

Des biens dont le prix est souvent déconnecté de la réalité du marché local :

La TVA étant récupérable, il n’est pas rare de voir des biens vendus hors taxe au prix du TTC et donc 20 % plus cher que le marché. Ça permet de gonfler la marge du promoteur et / ou du commercialisateur.

On ne le répétera jamais assez : quand on achète un bien immobilier il faut connaître la ville, le quartier dans lequel il est situé, et les prix du secteur. Si je vous vends un bien à 4000 € du m² à Grenoble vous trouvez ça cher ou pas ? Si vous habitez Lille ou Brest et n’avez jamais mis les pieds à Grenoble vous n’en savez rien et vous êtes la cible idéale d’un commercial indélicat. La clé de tout bon investissement immobilier c’est l’emplacement. Vous devez donc connaître le secteur pour juger vous même si oui ou non c’est un bon emplacement.

Des baux qui comprennent parfois des clauses peu favorables au propriétaire :

Le bail fait 20 pages et est écrit tout petit ? Ce n’est pas grave, avant de signer vous devez l’éplucher et être sur d’avoir bien compris toutes les clauses : réévaluation du loyer limitée à 2 ou 3 %/an après une période de carence, charges d’entretien imputées au propriétaire, … les surprises ne sont pas rares !

Une revente très compliquée :

Même si des acteurs comme Le Revenu Pierre se sont spécialisés dans le domaine, le marché secondaire est très peu animé et les biens se revendent fréquemment au prix d’une décote conséquente. Il ne faut pas oublier que le nouvel acheteur prendra plus de risques que vous en achetant un bien qui ne sera plus neuf, géré par un exploitant dont le bail expirera peut-être bientôt (sans certitude ni de renouvellement ni des conditions d’un éventuel renouvellement), et avec un loyer qui n’aura pas forcément suivi l’inflation. Il exigera donc une décote pour rentabiliser son investissement et rémunérer correctement son risque.

Des liens parfois troubles entre les intervenants :

Je suis particulièrement méfiant quand le promoteur, le commercialisateur et le gestionnaire ne sont pas indépendant les uns des autres. C’est souvent dans ces cas là que les problèmes surviennent car leurs intérêts sont liés. Un commercialisateur indépendant du promoteur et du gestionnaire me semble indispensable car si celui-ci fait son travail correctement on peut espérer qu’il aura réalisé une analyse du programme avant de le proposer à ses clients. Les liens entre promoteur et gestionnaire sont également dangereux, comme le démontre le grand nombre d’affaires autours des fameux « fonds de concours« . Ceux-ci permettaient au gestionnaire de proposer des loyers artificiellement hauts qu’il pouvait payer pendant 1 ou 2 ans grâce au fonds de concours doté par le promoteur puis, une fois la cagnotte épuisée, il déposait le bilan. Voir le blog de Paul DEVAUX, avocat fiscaliste, qui est très riche en articles sur le thème.

Un montage patrimonial à bien maîtriser:

Patrimonialement et fiscalement vous avez un choix à faire lorsque vous achetez un bien géré en statut LMNP:

  • soit opter pour la réduction d’impôt Censi-Bouvard, un dispositif proche du Scellier, qui permet en 2012 d’obtenir une réduction de 11 % de la valeur HT du bien étalée sur 9 ans
  • soit opter pour l’amortissement du bien sur les loyers, ce qui permet de ne quasiment pas payer d’impôts sur ceux-ci pendant de longues années

Globalement le dispositif Censi-Bouvard est plus simple à expliquer et donc plus facile à vendre que l’amortissement. Par ailleurs, beaucoup d’investisseurs particuliers sont très sensibles à la carotte fiscale et sont prêts à privilégier une réduction d’impôt « tangible » (= je vois sur ma feuille d’impôts que je paye moins tout de suite) à un système d’amortissement moins concret mais bien souvent plus intéressant.

Bref, il convient de s’appuyer sur un professionnel de la gestion de patrimoine pour ne pas faire le mauvais choix fiscal.

Bilan :

Cet article n’a pas pour but de vous décourager à investir sous le régime du LMNP, mais de mettre en avant les inconvénients et les risques d’un tel placement car ceux-ci sont malheureusement trop souvent éludés par les vendeurs de carotte fiscale.

Pour ma part je ne suis pas très à l’aise avec ce type de montage patrimonial et j’estime que le risque est trop important. Par conséquent je n’en propose pas à mes clients, je privilégie d’autres solutions d’investissement, que ce soit en immobilier (comme les SCPI) ou hors immobilier. Néanmoins, les programmes intéressants existent et on peut en trouver de temps en temps, dès lors que l’on prend bien soin de faire attention à tous les points que j’ai évoqué dans cet article.

par Benjamin CLAVEL

2 réponses sur “Faut-il investir en LMNP”

  1. Désireuse de placer 120 000 e (paiement comptant), je m’intéresse à une résidence étudiant à Montpellier dans le quartier de la nouvelle mairie. L’emplacement que je connais pour y habiter est idéal. Ce que je lis reste un placement à risque surtout en cas de revente ou de désistement du bailleur. Le promoteur est Nexity et le gestionnaire est Nexity STUDEA
    Livraison 3e tri 2023. En plus de ce que je lis de mise en garde les risques sont ils si énormes ? ou y a t il de bon projet ?

  2. HELP !
    Bonjour, en 2012 nous avons investi dans un LMNP sur Lyon 7 (gestionnaire Park et Suites). Suite au licenciement de mon mari, nous cherchons désespérément à vendre notre studio pour solder notre emprunt mais c’est le parcours du combattant. Nous allons de surprises en surprises avec les acquéreurs potentiels, qui finalement déclinent tous notre offre, tant le dossier est compliqué.
    La dernière trouvaille de notre acquéreur potentiel est un article par lequel le “preneur” qui se considère comme locataire précise que si le propriétaire, à l’issue de son bail (de 9 ans) souhaite prendre une autre agence, ou reprendre la gestion en directe du bien, il devra payer une indemnité au preneur (l’agence de location) correspondant à son manque à gagner. Même notre acquéreur aguerrit aux lois de ce marché impitoyable semble-t-il, n’en revenait pas. Il se demande s’il ne s’agirait pas d’une clause abusive de la part de Park et Suites car ce n’est pas la loi qui prévoit cette clause et qu’en plus le locataire n’est pas un locataire personne physique (mais une agence). Nous sommes effondrés par cette nouvelle découverte. Avez-vous une piste qui pourrait nous aider s’il vous plaît ?
    Cordialement
    Michèle et Pascal Grivollat

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